Vous avez sûrement, au moins une fois dans votre vie, ouvert une de ces bouteilles sans bouchon, dotée d’une capsule à vis, vous privant du plaisir d’utiliser votre tire-bouchon et d’entendre un « Pop » réjouissant. Si vous avez été choqué ou déçu, vous faites partie des 90 % de Français qui préfèrent encore trouver sur leurs bouteilles le classique bouchon de liège, qu’arborent les précieux flacons depuis que le célèbre Dom Pérignon les a remis à l’honneur, il y a quelques siècles.
Mais alors, si 90 % des consommateurs Français préfèrent le bouchon de liège, comment expliquer que près de 20 % des bouteilles vendues en France sont dotées d’une capsule à vis ? Bien évidemment, le prix entre en compte. En effet les capsules à vis sont Deux fois moins chères que les bouchons de liège de qualité, et coûtent environ 10 à 20 centimes pièce. Autre facteur de succès de la capsule, la montée en puissance des vins du nouveau monde, bien souvent dotés de capsules à vis, plutôt que de bouchons fabriqués dans le pourtour méditerranéen. Enfin, la logique de préservation de la qualité du produit pour offrir au consommateur des vins toujours meilleurs est celle qui explique le plus cette évolution.
En effet, le bouchon de liège certes privilégié par le consommateur, n’est pas le garant d’une parfaite conservation du vin. En effet, chacun a pu faire la désagréable expérience d’ouvrir une bouteille réputée au goût de bouchon décevant. Cette odeur bien identifiée (le trichloroanisole ou TCA) est détectée dans près de 1 à 10 % des bouteilles bouchées avec du liège selon les sources. La capsule à vis, au contraire du précédent, offre une totale garantie d’absence de déviance aromatique. De plus, son étanchéité protège contre l’oxydation les parfums des vins blancs aromatiques, comme les dérivés de thiols très parfumés. Elle devient donc un facteur de qualité pour les vins jeunes et frais.
C’est plutôt sur la conservation à long terme que les capsules à vis perdent l’avantage face aux bouchons de liège. En effet, l’amélioration du profil organoleptique et aromatique des vins de garde est essentiellement due à l’oxydation ménagée, au travers du bouchon de liège, non complètement étanche. Des travaux déjà un peu anciens (années 80) menés sur les vins de Haut Brion à Pessac ou de Kanonkop en Afrique du Sud semblaient montrer que si les vins bouchés avec capsule ne s’abîmaient pas avec le temps, ils perdaient pour autant en complexité aromatique en comparaison avec les vins bouchés avec du liège.
Bref, la capsule offre de nombreux avantages en termes qualitatifs, du moins pour les vins jeunes qui représentent, rappelons le, 90 % de la consommation mondiale. Il y a fort à parier qu’elle glanera progressivement des parts de marché sur ce type de vins. A contrario, les consommateurs ont peu de crainte de voir disparaître les bouchons des précieux Bordeaux, Bourgogne, Nappa Valley ou Mendoza…