On s’apprête, en France, à lutter contre le vin et non plus seulement contre la consommation excessive d’alcool. Désormais assimilé à une drogue, le vin serait jugé nocif dès le 1er verre. Le site cequivavraimentsaoulerlesfrancais.fr présente les mesures envisagées, ou déjà annoncées, et leurs conséquences. Pour que les français se fassent leur opinion, comprennent l’inquiétude des professionnels du vin.
Le 26 septembre dernier, Vin & Société représentant les 500 000 acteurs de la vigne et du vin lançaient une campagne de mobilisation sans précédent. La situation est préoccupante : interdiction de parler du vin sur internet ; interdiction de parler positivement du vin dans les médias ; taxation du vin au nom de la santé publique ; radicalisation du message sanitaire ; durcissement des mentions sanitaires sur les étiquettes. La filière viticole se retrouve dans l’œil du cyclone en raison d’une série de rapports* et d’un tunnel législatif allant de 2013 à 2014. Un véritable inventaire à la Prévert, la poésie en moins !
Depuis des mois déjà, un courant moralisateur et hygiéniste stigmatisant la consommation de vin, y compris modérée, se développe dans notre pays. Jacques Dupont, journaliste à l’hebdomadaire Le Point et auteur d’ « Invignez-vous ! » publié au printemps chez Grasset, analyse la situation : « D’un côté les moutons, la masse, manipulable à l’envi ; de l’autre ceux qui savent, les guides, préviennent, se substituent à leur propre conscience pour leur plus grand bonheur ».
Quelques intellectuels, politistes et sociologues, se sont également émus de la résurgence d’un ordre moral puritain, vieilles lubies prohibitionnistes, dans une tribune publiée par Libération le 31 juillet 2013. Selon eux, ces lobbys, entrepreneurs de morale, agissent et cultivent une vision médicalisée de la société qui influencent notamment la prochaine loi de santé publique de Marisol Touraine : « Quand on ne peut rien contre le chômage des jeunes, on se préoccupe de leur santé comme les hygiénistes du 19ème siècle se souciaient de la santé des ouvriers sans évoquer leur misère ». Dans ce contexte si particulier, Vin & Société recherche le dialogue avec le Ministère de la Santé. En vain. Pourquoi dénigrer à ce point le vin, élément de notre patrimoine national et atout majeur de
notre économie ? Comment accepter une série de menaces réelles et sérieuses d’une telle envergure ? Le vin est assimilé à des drogues dures (héroïne, cocaïne) et les vignerons à des dealers irresponsables*.Ils refusent la double peine : pression fiscale-pression morale !
Vin & Société plaide aujourd’hui encore pour une instance interministérielle permettant de travailler de façon transversale et constructive avec tous les ministères… Parce que le vin c’est de l’économie, du commerce extérieur, du travail, du tourisme, de l’éducation, du patrimoine … et pas uniquement de l’agriculture et de la santé. Sans succès. Face à ce qu’elle considère comme un déficit démocratique, la filière viticole se met en mouvement.
Le pari est de mobiliser les foules. Autour d’un site internet, vaisseau amiral du dispositif, et des réseaux sociaux, espaces de débats et de liberté d’expression par nature, la campagne sera pédagogique. Il faut expliquer le tunnel législatif, l’esprit et les conséquences des 5 mesures envisagées par les pouvoirs publics. Chacun doit comprendre que l’enjeu n’est pas corporatiste, que cette campagne de mobilisation est le signe d’une société qui ne fonctionne pas bien et que le vin appartient à tous et à un chacun. Roland Barthes a dit « Le vin est senti par la nation française comme un bien qui lui est propre, au même titre que ces 360 espèces de fromages et sa culture.
C’est une boisson-totem ».
L’équipe qui s’active au modeste siège de Vin & Société a cette petite musique dans la tête. Ce sera : cequivavraimentsaoulerlesfrançais.fr. Avec une économie de moyens, en quelques mots simplement, cette signature dit tout et sera l’url du site. Chaque français est concerné, le vin est dans son ADN. Les foules sont saoulées, morale, taxation, ras le bol général…. L’interpellation du Président de la République photographié au Salon de l’Agriculture en pleine page du Journal du Dimanche et les relations presse en amont et en aval de la campagne de mobilisation feront le reste. Le message passe.
En quelques jours, 2 mesures sur 5 sont suspendues. Plus de 250 000 personnes ont visité le site. Facebook et Twitter sont des caisses de résonnance extraordinaires. Toute la presse a relayé la campagne puis décrypté ce succès en France et à l’étranger. cequivavraimentsaoulerlesfrançais.fr a séduit les esprits et rallié les cœurs. Vin & Société appelle encore au dialogue. Mais en 2014, nous savons que nous aurons encore besoin du soutien des foules.
*(Rapport Reynaud juin 2013 + Plan Mildt 19 septembre 2013).